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Société et cultus à l'époque de Martial

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Jean Noel Robert

Martial est tm poete réaliste qui a «le gout de l'homme» et pratique la franchise du verbe. II dénonce les dérives de la société et, ravalé au rang de client, ii se sent méprisé et se range au nombre des pauvres. Mais qu'est-ce que la pauvreté ? Le seul cri tere d'appréciation sociale et morale est l'argent. Toutefois, la société n'est pas seulement divisée entre ceux qui en ont et ceux qui en manquent. L' étude rapide des besoins et des revenus fait apparaitre qu'il existe une troisieme catégorie, celle des exclus qui, à l'instar du Nestor de Martial, sont «Ies damnés de la terre». Les autres vivent dans deux mondes paralleles et ne se croisent guere qu'en deux moments clés: la salutatio et la cena dont ii faut examiner les codes sociaux. La mentalité romaine a changé depuis la fin de la République; la définition du cu/tus également, en conséquence. La culture est affaire de fortune. La société s' organise comme un spectacle dans lequel les riches sont au centre de la représentation, ce qui implique pour eux une discipline particuliere. Le cu/tus nécessite une parfaite ma'itrise de soi, du corps et dll langage (urbanitas) . II est d'abord, à Rome, affaire de sens, de sensualité. Mais de toutes les expressions sensuelles, c'est l'oralité qui définit le mieux la culture romaine. Celle-ci se manifeste à son plus haut niveau lors de deux moments majeurs de la vie du riche: la cena et la recitatio. L'un et l'autre symbolisent la double opération d'ingestion-digestion qui définit la culture et procure lln plaisir quasi érotique à l'homme cultivé. Le peuple n'est pas pour autant banni de cette jouissance orale: la dicncitas est une caractéristique de la mentalité romaine, et un sport national. Le sarcasme est un ludibrium, et l'obscénité une forme de viol verbal dont le but consiste à contraindre l'autre au silence, donc à le dépouiller de son pouvoir de citoyen. La parole est l'arme du uir, et sa force toute symbolique. Toutefois cette parole tonitruante masque la vraie pudor, celle des sentiments et des angoisses. Carpe diem, dit aussi Martial, laissant sourdre sa peur de la mort. Mais cette pudor reste du domaine du non-dit, laissant juste affleurer une fragilité trop humaine.


ISBN:
972-9057-20-6
eISBN: 978-989-26-0901-0
DOI: 10.14195/978-989-26-0901-0_4
Área: Artes e Humanidades
Páginas: 49-68
Data: 2004

Palavras-Chaves

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